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Fév 2020
Dès 2020, l’Europe continentale perdra son rang de second marché pour l’Asset Management mondial au profit de la Chine selon le BCG. Cyrus Taraporevala, CEO de SSGA, nous affirme que le premier asset manager mondial sera chinois d’ici 2029. Larry Fink pense quant à lui que le plus important marché de croissance de Blackrock sera la Chine d’ici 5 ans.
La Chine comme relais de croissance des asset managers est un constat sur lequel tout le monde s’accorde. Il faut alors se poser la question sur la manière de capter une partie des encours chinois.
Historiquement, les gérants internationaux ont d’abord visé les investisseurs institutionnels (le social security fund, les poches d’investissement offshore des assureurs chinois…). Les gérants d’actifs chinois montent en puissance et les maisons de gestion étrangères ont désormais l’obligation d’avoir une forte présence locale pour rivaliser avec la concurrence.
Bien entendu, les trois « setups » esquissés ci-dessus sont combinables à loisir. Blackrock dispose par exemple d’une WFOE qui commercialise trois « private funds » en Chine et détient toujours près de 20% de sa JV avec BOC Investment
Management (même si la création de la WFOE a sans doute généré quelques impacts sur la relation avec le partenaire dans la JV). Schroders ajoute à une WFOE et une JV des fonds distribués via le MRF. Schroders a par ailleurs bien travaillé sa présence sur Ant Financial et Wechat – plateformes digitales qui, nous n’en doutons pas, constituent l’avenir de la distribution des fonds Retail.
Si différents cadres juridiques existent pour vendre sur le marché local, la distribution reste le nerf de la guerre. Historiquement un partenaire bancaire semblait indispensable. Les banques chinoises (surtout les 4 grandes banques nationales ICBC, CCB, BOC et ABC) détenaient un quasi-monopole de la distribution de produits aux investisseurs.
Même si leur présence est toujours incontournable, les progrès des plateformes (essentiellement Ant Financial & WeChat donc) dans la distribution des fonds changent la donne. Il semble donc très recommandable de pouvoir être distribué via ces plateformes. Invesco nous montre qu’une société de gestion étrangère peut procéder de cette manière. La société a placé un fonds monétaire de sa JV dans le Yu’e Bao d’Alibaba (qui permet aux acheteurs de « l’Amazon chinois » de placer leur solde sur ces fonds). Les résultats sont probants : les AUM de la JV d’Invesco ont été multipliés par 4 en moins d’un an.
Les ETF ont également le vent en poupe en Chine. Près de 200 ETFs sont aujourd’hui listés à Shanghai et Shenzhen. Ils répliquent essentiellement des grands indices d’actions chinoises ainsi que des indices sectoriels. Avec des AUM supérieurs à 430 Mds de CNY, soit plus de 57 Mds € début septembre et la même dynamique pour l’investissement passif que dans les marchés occidentaux, le sec-teur est en croissance. Une société de gestion étrangère ne peut cependant pas à ce jour lister d’ETF à Shanghai ou Shenzhen. Elle pourra le faire « indirectement » via sa JV avec un acteur chinois.
Un schéma « ETF connect » sur le modèle des ‘stock connect’ entre Shanghai et Hong Kong ou Shenzhen et Hong Kong est en cours. La solution pourrait bientôt alors être de lister des ETF à Hong Kong… pour les distribuer en Chine continentale.
Aborder le marché Retail chinois nécessitera de se pencher sur des stratégies qui prennent aussi en compte un dilemme particulier. L’investisseur chinois moyen ne jure que par la performance historique. Il est donc plus sujet au « home bias ». Les fonds à privilégier sont des fonds actions « onshore » mais un gérant étranger aura du mal à acquérir une forte crédibilité sur du stock picking chinois. Vendre une expertise sur des classes d’actifs de niche ou les marchés occidentaux semble donc plus réaliste, même si la taille du marché est moins conséquente.
Ces classes d’actifs correspondent d’ailleurs le mieux à une catégorie d’encours qui mérite d’être considérée en particulier : celle des UHNWI chinois. Pour capter les actifs de ces investisseurs de plus en plus nombreux, aucun setup en Chine évoqué ci-dessus n’est nécessaire pour vendre des prestations sur mesure, y compris des actifs réels mais aussi des fonds de droit luxembourgeois via une présence à Hong Kong ou à Singapour. C’est sans doute un bon point d’entrée sur la Chine qui nécessite de s’appuyer sur des family offices ou des banques privées. Le succès viendra avant tout de la capacité des acteurs à établir des réseaux, le fameux guanxi 关系*.
Les gérants européens ne peuvent pas ignorer le marché chinois, grand par sa taille et sa croissance, mais aussi par sa complexité. Rappelons plusieurs grands industriels français dans les années 90 qui ont fait les frais de la dure réalité du business en Chine. La première étape serait alors d’acquérir une excellente compréhension du marché chinois puis de faire connaître sa marque auprès des investisseurs chinois.
Communiquer sur l’expertise et la tradition des grandes maisons européennes pourrait représenter une ouverture. La guerre commerciale en cours ne permet pas d’envisager des progrès formidables pour l’ouverture du marché chinois de l’épargne à court terme. Cependant, la Chine est structurellement réformiste et a besoin de l’expertise des sociétés de gestion occidentales. Le train ne repassera pas et il faut le prendre rapidement – consultez des experts !
*有关系就没关系,没关系就有关系 Sans guanxi (réseau), il y a un guanxi (problème), avec un guanxi (réseau), il n’y a pas de guanxi (problème)
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