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29

Oct 2025

  • Articles et presse

Du KYC au KYD : la conformité augmentée du courtage

Article écrit par Makrem Djebali, Directeur IA & Data Science, et Guillaume Durdilly, Consultant Actuaire Data Scientist.

 

De la théorie à la pratique : comment le KYD (Know Your Distributor), déclinaison du KYC, permet de passer de 20% à 100% de dossiers traités et d’aligner la conformité avec les attentes de l’ACPR ?

Depuis plus d’une décennie, le KYC (Know Your Customer) s’est imposé comme une étape essentielle de la conformité dans le secteur financier et assurantiel. Son objectif est simple : vérifier l’identité des clients, évaluer les risques associés et s’assurer du respect des règles en matière de lutte contre la fraude. Pour un particulier, cette vérification se traduit par le contrôle de son nom, de son adresse, de ses revenus ou de sa situation fiscale. Pour une entreprise, elle implique l’examen de documents tels que l’extrait Kbis, le RIB, les statuts ou encore l’identité de ses dirigeants.

C’est particulièrement vrai pour les courtiers grossistes, dont les réseaux de distribution se sont considérablement étoffés et complexifiés ces dernières années. Le KYD peut alors être vu comme une déclinaison du KYC appliquée aux courtiers et à leurs réseaux. Le KYD devient alors un véritable service : il permet au courtier d’accéder à des informations fiables sur ses distributeurs (identité juridique, solidité financière, conformité réglementaire) et de sécuriser ainsi la relation commerciale.

Concrètement, ce cadre « Know Your Distributor » peut se décliner selon les contextes : par exemple, en environnement associatif, une déclinaison orientée adhérent-courtier permet d’automatiser la validation d’adhésions et d’industrialiser la conformité.

 

Les limites des méthodes traditionnelles

Jusqu’à récemment, le KYD reposait sur des procédés encore très lourds. La plupart des contrôles étaient réalisés manuellement, impliquant la lecture fastidieuse de dossiers parfois volumineux. Les premières étapes de digitalisation ont apporté quelques améliorations grâce à l’OCR, c’est-à-dire la reconnaissance optique de caractères, qui permettait d’extraire automatiquement des données de pièces justificatives.

Ces outils représentaient un progrès, mais leurs limites sont vite apparues. Les délais de traitement restaient longs, les erreurs humaines fréquentes et la charge administrative pesait lourdement sur les équipes. Pour les courtiers et leurs partenaires, le KYD finissait par être perçu comme une contrainte, nécessaire mais chronophage.

Exemple typique : un dossier « propre » sur le papier, mais un extrait Kbis scanné en basse qualité, des statuts non signés ou une attestation RC Pro périmée. Lors d’un traitement manuel, ces signaux faibles se perdent ; une filière automatisée les remonte systématiquement et justifie chaque alerte.

 

L’IA Générative : un tournant décisif

L’essor de l’intelligence artificielle générative transforme en profondeur l’approche du KYD. Là où les solutions classiques se limitaient à numériser ou comparer des données, les nouvelles technologies s’appuient sur des modèles de vision combinés à des techniques de traitement d’image. Ces modèles sont aujourd’hui capables d’extraire des informations fiables même à partir de documents scannés de mauvaise qualité, avec des photos imparfaites ou des formats hétérogènes. Ce niveau de robustesse ouvre la voie à une automatisation complète : l’IA ne se limite plus à lire un texte clair, elle sait reconstruire et valider l’information dans des conditions réelles.

Scénario : l’extrait Kbis et l’attestation ORIAS sont lus, les dates d’effet sont contrôlées, et un raisonnement RAG (Retrieval Augmented Generation) compare automatiquement le contenu aux règles internes et réglementaires. Le système explique ensuite la décision et suggère les documents complémentaires nécessaires.

Au-delà de l’extraction, l’IA générative peut contextualiser ces données grâce aux techniques de RAG. Concrètement, cela signifie qu’elle ne se contente pas de lire les documents : elle croise les informations extraites avec les règles issues de la réglementation afin de produire des résultats conformes et toujours à jour. Cette capacité à intégrer en continu de nouvelles règles renforce considérablement la fiabilité du processus, tout en réduisant la dépendance aux mises à jour manuelles de bases de données.

Dans une association professionnelle fédérant plus de 8 000 courtiers, la mise en œuvre d’une déclinaison du KYD orientée adhérent-courtier a permis de transformer un processus manuel en chaîne de validation entièrement automatisée. Les résultats sont tangibles : 20% de dossiers complets traités auparavant contre 100% aujourd’hui, avec un journal d’audit exhaustif et une conformité documentée, en phase avec les standards de l’ACPR. Ce déploiement confirme la transférabilité du modèle KYD à d’autres écosystèmes du courtage, et illustre concrètement la capacité du dispositif à passer de la théorie à la pratique opérationnelle.

 

Des bénéfices tangibles pour les courtiers

L’apport de l’IA générative ne reste pas théorique : ses bénéfices se concrétisent déjà sur le terrain. Autrefois, la vérification de documents tels que les statuts, les Kbis ou les bilans comptables pouvait prendre des heures, elle peut désormais être réalisée en quelques secondes. L’IA génère en parallèle des rapports de conformité synthétiques, assortis d’un scoring de risque qui met en évidence les points de vigilance.

Indicateurs clés :

  • Taux de complétude traité : 100% (vs 20%).
  • Délai moyen de revue : quelques secondes par document.
  • Traçabilité : journal d’audit et justification des contrôles.
  • Qualité : scoring de risque et réserves documentées.
  • Charge opérationnelle : temps redéployé vers des tâches à valeur ajoutée.

 

Cette transformation offre un double avantage. D’un côté, les courtiers sécurisent leurs opérations en réduisant les risques liés à des vérifications incomplètes ou trop lentes. De l’autre, ils dégagent du temps et des ressources précieuses, qu’ils peuvent réorienter vers des activités à plus forte valeur ajoutée, qu’il s’agisse de conseil, de développement commercial ou de gestion de la relation client.

Pour les courtiers grossistes, ces bénéfices sont encore plus marqués : la gestion d’un volume important de dossiers et la diversité des distributeurs rendent l’automatisation et la traçabilité particulièrement stratégiques.

 

Périclès, un partenaire de confiance pour le KYD

Périclès a développé une approche du KYD combinant plusieurs briques technologiques pour rendre le processus à la fois robuste et fluide :

Tout commence par la réception des documents des distributeurs, qui, une fois couplés à un traitement d’image et à de l’OCR, sont transmis à des modèles de vision et de langage. Ces modèles ne se contentent pas de lire le contenu : ils sont capables de l’interpréter, de le structurer et d’en extraire des informations exploitables, même lorsque les documents proviennent de scans de qualité moyenne.

La deuxième étape repose sur l’utilisation de prompts de validation spécifiques à chaque type de document. Grâce à cette approche, l’IA ne se contente pas d’indiquer si un document est valide : elle produit également un commentaire détaillé qui justifie la décision et met en avant d’éventuelles réserves.

Ce processus s’applique aussi bien aux documents administratifs classiques qu’aux cas complexes liés aux obligations financières, comme la vérification de la garantie financière ou l’analyse automatique des bilans et pièces fiscales. L’IA est ainsi capable de couvrir l’ensemble des situations rencontrées par les courtiers dans leurs relations avec les distributeurs.

Enfin, pour que le KYD s’intègre naturellement dans le quotidien des courtiers, nous connectons directement ce processus au CRM (Customer Relationship Management). Concrètement, les documents sont déposés dans le CRM, les analyses sont déclenchées automatiquement et les résultats sont restitués sous forme de fiches synthétiques dans l’outil. Cela permet de disposer d’un système centralisé, où la gestion des relations distributeurs et les contrôles de conformité ne font plus qu’un.

L’intégration API-first permet un branchement direct au CRM : dépôts, déclenchement d’analyse, retours synthétiques et pilotage des plans d’action. Cette approche est alignée avec une implémentation en quatre étapes : complétude, vérification externe ORIAS, analyse approfondie et synthèse de conformité.

En standardisant les contrôles (ORIAS, RC Pro, garanties financières, honorabilité, formation continue, médiation) et en horodatant les décisions, la filière KYD facilite la démonstration de conformité vis-à-vis des attendus de l’ACPR.

Le passage du KYC au KYD marque une nouvelle étape : celle d’une conformité fluide, continue et explicable. Les déclinaisons métier (comme l’orientation adhérent-courtier) prouvent que l’IA générative transforme une contrainte en avantage opérationnel. La prochaine étape ? Généraliser ces filières API-first au sein des systèmes d’information des acteurs du courtage, pour sécuriser, accélérer et fluidifier la conformité.

 

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