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16

Jan 2024

gestion structurée gestion alternative pericles group
  • Articles et presse

Un nouveau souffle pour la gestion alternative et structurée

Article écrit par Thida LIM, Manager.

Les nouvelles conditions de marché rebattent les cartes de la gestion alternative et des fonds structurés. La méthode des 3D pour « Diversification, Décorrélation et Différenciation » reprend toute sa place dans les allocations d’actifs des investisseurs.

La gestion alternative : source de performances décorrélées

Aux investisseurs notamment institutionnels en quête de portefeuilles toujours plus diversifiés pour limiter la volatilité de leurs investissements, la gestion alternative propose des stratégies décorrélées des grandes classes d’actifs et non exposées aux tendances de marché. Sa promesse principale est de générer de l’alpha quelles que soient les conditions du marché.

Cette gestion atypique opère via une combinaison de multiples stratégies dont la typologie reste difficile à établir, tant par les différentes classes d’actifs auxquelles elles font appel, que par les différences qui existent au sein même de chaque stratégie suivant les approches adoptées par les gérants ; soit des stratégies quantitatives ou systématiques exploitant des modèles mathématiques pour les uns, soit des stratégies discrétionnaires reposant sur l’analyse fondamentale ou technique pour les autres, auxquelles se combinent des niveaux de levier également très variables. On constate ainsi une forte dispersion des performances entre elles. De fait, cette dispersion permet de générer des allocations fortement diversifiées tant recherchées dorénavant par les investisseurs.

La gestion structurée : risque sur mesure et diversification

A la différence des fonds alternatifs, les fonds structurés se sont quant à eux démocratisés. Principalement vendus par campagne dans les réseaux bancaires et à la clientèle de banque privée, ces produits complexes réservés historiquement aux institutionnels ont su capter l’intérêt des investisseurs privés avertis, du fait qu’ils offrent à la fois la possibilité de profiter des opportunités de marché tout en modulant le risque en capital.

Aux yeux des investisseurs, ces produits sont considérés comme un placement hybride captant du beta des marchés actions mais aussi servant du rendement comme le marché obligataire.

En effet, leur mécanisme repose sur une combinaison de produits de taux (la composante non risquée) couplée à des prises d’options à terme (la partie risquée) pour booster la performance. La stabilité du capital, investi sur une période préfixée, est assurée par les produits de taux et le rendement est défini selon une formule prédéfinie sur la base d’un sous-jacent – la plupart du temps un indice de référence – et selon laquelle l’investisseur touche des coupons et voit son capital garanti partiellement ou totalement à l’échéance, quelle que soit l’évolution de marché tant que ce sous-jacent ou indice ne descend pas sous un seuil défini à l’avance. Certains fonds « à capital non garanti » n’offrent aucune protection mais sont associés à des offres d’autocall qui reposent sur des ventes d’options offrant la possibilité de bénéficier de fenêtres régulières de remboursement anticipé lorsque l’indice de référence atteint un seuil prédéfini.

Ainsi, générant à la fois des revenus périodiques, tout en offrant la possibilité de profiter de gains potentiels de marché et en assurant de restituer la mise de départ, les produits structurés deviennent un outil pertinent pour mitiger les risques de portefeuilles existants.

Un marché en souffrance depuis une décennie

Le contexte depuis 10 ans de taux bas et de faible volatilité a rendu amorphe ces stratégies atypiques. La crise sanitaire de 2020 comme point culminant, a été particulièrement sévère pour les hedge funds. En effet, les conditions de marché instaurées par les banques centrales via l’injection de liquidités ont rendu leurs stratégies décorrélées inopérantes. Ceux-ci se sont vus retirer toute possibilité d’exploiter d’éventuelles inefficiences du marché constituant leur atout commun.

Quant aux fonds structurés, le contexte de taux bas générant des faibles rendements obligataires cumulés à la faible volatilité des marchés a grippé le mécanisme ; les primes options rapportant peu, la garantie totale de capital à échéance devenant coûteuse en termes de rentabilité, ont rendu de facto les montages risqués mettant un frein à leur développement ces 5 dernières années… jusqu‘en 2022 où la volatilité des indices a fait son grand retour, réalimentant la machine en carburant.

Un marché restructuré

Cette période délétère pour les Hedge Funds, a démontré que les fonds usant le plus de l’effet de levier et s’appuyant sur des actifs peu liquides sont ceux qui ont le plus pâti sur la période, entrainant la fermeture de grands noms comme Archegos Capital, en incapacité de faire face aux appels de marge… ainsi qu’une concentration autour de quelques acteurs ; les fonds blockbusters des banques d’investissement (Citadel, Millenium, de Shaw) continuent aujourd’hui à surperformer les petits fonds spéculatifs.

Outre la concentration des acteurs ces dernières années, cette crise a relancé le succès des fonds de fonds alternatifs. Via les mandats et la sélection des meilleurs gérants alternatifs, la multigestion tâche d’exploiter stratégiquement la dispersion des performances générées par les différentes stratégies pour amplifier la diversification dans les allocations et devient désormais une solution de placement plébiscitée par les investisseurs institutionnels.

Spécialisée dans l’art de sélectionner les stratégies les plus adaptées aux configurations de marchés, la multigestion vise à mettre en œuvre pour les clients institutionnels des solutions qui s’inscrivent dans une stratégie de long terme, ajustables dans le temps, en dénichant des fonds réellement neutres par rapport au marché ; ceux qui sont capables de résister aux corrections de marché sans détruire de capital tout en générant de l’alpha.

Un vent désormais porteur depuis 2021

Fin 2021, la croissance des Hedge Funds est venue de leurs stratégies décorrélées des orientations de marché. Etant pas ou très peu positionnés sur les secteurs « values » comme les banques et l’énergie, ils ont su passer les différentes phases de la crise sanitaire en limitant la casse. Aussi, les stratégies les moins risquées ont été privilégiées par les investisseurs institutionnels, à savoir les stratégies alternatives liquides UCITS, qui ont fait preuve de résilience au plus fort de la crise et ont affiché des pertes plus réduites que les autres classes d’actifs. Le retour en 2022 de l’inflation combiné à la fin des politiques interventionnistes des banques centrales a boosté les moteurs de performance des gestions alternatives.

Ces gérants ont démontré leur capacité à générer des performances supérieures à toutes les autres grandes classes d’actifs sur l’année 2022. Les stratégies long/ short actions ainsi que les stratégies alternatives macro/multi-stratégies liquides ont nettement surpassé les fonds diversifiés traditionnels. Selon les statistiques de Six Financial Information, on constatait sur l’année 2022, que « les fonds de performance absolue multi-stratégies affichaient une baisse sur les 10 premiers mois de l’année de -1,25 % contre un recul de plus de 10 % au 15 novembre pour l’indice Eurostoxx 50, ou encore – 28 % sur le Nasdaq ».

Par ailleurs, les stratégies de fonds structurés, vendeurs d’options et utilisant le rendement obligataire pour offrir de la protection du capital, bénéficient pleinement de la hausse conjuguée des taux et de la volatilité. Par exemple, il est désormais possible de fabriquer des produits structurés avec un capital 100% garanti et offrant un rendement annuel de plus de 5%.

En outre, l’aspect sur-mesure des produits structurés et leur promesse de « Pay off » connus à l’avance associés à différents niveaux de risques, attirent un peu plus les investisseurs. Enfin, en plus du contexte actuel porteur, les marges importantes générées par ces produits pour tous les intermédiaires de la chaine de valeur (émetteur, « structureur »/courtier, distributeur), rendent d’autant plus propice la commercialisation de ces solutions de placement.

Par conséquent, nous croyons qu’une nouvelle ère de croissance des encours s’ouvre pour la gestion alternative et structurée. Les sociétés de gestion devraient soutenir cette croissance par un réinvestissement dans leur modèle opérationnel et leur système d’information. En effet, l’accroissement des volumes de produits dérivés et de contrats OTC dans les portefeuilles va obliger à repenser la façon de négocier, gérer, contrôler, valoriser ces portefeuilles, et à piloter au plus juste les divers risques, notamment le risque de contrepartie.

 

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