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29

Fév 2024

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  • Divers

Vers une montée des investisseurs au capital des Asset Managers !

Article écrit par Hervé RATSIMIHAH, Senior Manager.

 

Les sociétés de gestion disposent de fonds propres aujourd’hui limités. Les défis à relever par le secteur justifie un renforcement du capital des gérants d’actifs permettant de faire plus de « Seed Money » et d’éventuelles acquisitions. 

Le dernier rapport de l’AMF sur le marché de la gestion d’actifs nous apprend que le total des capitaux propres des sociétés de gestion françaises (à l’exclusion des sociétés cotées) est de 6,5 milliards d’euros à fin 2021. Sachant qu’il y avait plus de 700 sociétés agréées à l’époque, le montant des capitaux propres moyens est donc inférieur à 10 millions d’euros par société. 

Le rapport montre également que presque 30% des sociétés de gestion ont moins de 30% de marge par rapport aux fonds propres réglementaires (montant minimal imposé par le régulateur pour pouvoir exercer l’activité). 

Finalement, les gérants d’actifs français sont relativement peu capitalisés. Cela peut être vu comme une force car le capital n’est pas une barrière à l’entrée infranchissable. Ceci permet l’émergence régulière de nouveaux acteurs (il se crée environ 40 sociétés de gestion par an en France) et donc une émulation du marché. 

Pour autant, cette capitalisation limitée des sociétés du secteur est aussi une faiblesse car les sociétés ne disposent pas toujours des moyens financiers pour alimenter leur croissance et adapter leur offre dans un environnement très volatil. 

Les solutions 

Quelles sont donc les solutions pour accroitre les capacités des sociétés de gestion ? 

Une première initiative est venue de la Place de Paris pour aider les sociétés de gestion indépendantes à lancer des stratégies de gestion innovantes : le fonds de place Emergence a été lancé il y a 10 ans, abondé par plusieurs grands institutionnels. Il a pour mission de fournir du « Seed Money » pour stimuler le développement des fonds et leur notoriété, sans prise de participation au capital des sociétés de gestion soutenues. 

La SICAV Emergence a déployé plus d’un milliard d’euros depuis son lancement auprès d’une vingtaine de sociétés de gestion. En contrepartie d’une période de blocage de l’investissement de 4 ans, la société de gestion aidée s’engage à partager ses revenus durant 8 ans. Cette clause de partage est souvent jugée comme un frein à l’adossement au fonds Emergence car les commissions reversées peuvent représenter des montants considérables si la croissance de la société de gestion est au rendez-vous.  

Investissement en Capital 

Les fonds d’investissement ont, depuis longtemps, investi dans les services financiers. Des fonds spécialisés se sont mêmes créés aux Etats-Unis et en Europe pour prendre des participations ou devenir le propriétaire de banques privées, de compagnies d’assurance, de courtiers… 

La prévisibilité des cash flows générés par les services financiers plaît beaucoup aux investisseurs (business model reposant sur des commissions sur un encours ou un stock de contrats). Cet atout se retrouve bien entendu dans l’industrie de la Gestion pour compte de tiers. Par ailleurs, l’investissement dans une société de gestion qui a déjà un réseau actif de distribution et une équipe de gestion reconnue limite fortement les risques pris par l’investisseur en capital. 

Ainsi, une nouvelle stratégie des fonds de Private Equity est apparue : celle du GP stakes, qui est une stratégie des professionnels du capital investissement ciblant des sociétés de gestion. 

Lancée depuis près de 10 ans aux Etats-Unis, cette stratégie se développe en France : la société de gestion Armen a déjà investi au capital de sociétés de gestion comme Rgreen et Private Corner. 

Au dire des sociétés de gestion qui ont ouvert leur capital, leur apport financier, même minoritaire, s’accompagne d’un apport d’expertise, de réseau professionnel et de notoriété de la société de gestion. 

Une tendance qui devrait s’accélérer 

Au-delà de l’apport de « Seed money » par des institutionnels, le renforcement du capital des sociétés de gestion semble nécessaire pour continuer à investir et participer à la consolidation du secteur. 

La course à la taille critique pour les sociétés de gestion entrepreneuriales s’accélère. Si historiquement le seuil à atteindre était de 1 milliard d’euros d’encours, il est probable que ce dernier ait progressé à 2 voire 3 milliards d’encours au regard des nouvelles charges qui se sont imposées à l’industrie (nouvelles réglementations, analyse ESG…). 

Si la croissance organique peut permettre d’atteindre cette taille critique, on observe cependant une accélération des opérations de croissance externe dans l’Asset Management. Ces acquisitions nécessitent des capitaux propres. Il serait regrettable que seules les maisons de gestion appartenant à de grands groupes de Bancassurance puissent consolider le secteur. 

L’ouverture du capital des sociétés de gestion à des investisseurs semble donc une solution pertinente, tant pour l’investisseur que pour la société. C’est pourquoi, nous pensons que le « GP Stake » devrait se développer dans les prochaines années, surtout dans le segment des sociétés de gestion Tier3 et lower Tier2. 

Cette ouverture du capital entraînera des conséquences sur la professionnalisation de la fonction Finance des sociétés de gestion pour un meilleur pilotage de la rentabilité financière. Peu de gérants d’actifs sont, par exemple, en capacité de calculer une rentabilité client ou par segment de clientèle. L’efficacité opérationnelle sera également très regardée. 

L’arrivée d’investisseurs devrait également favoriser les opérations de M&A pour faire grossir rapidement les sociétés de gestion. Les besoins de définition des modèles opérationnels cibles et d’intégration devraient se renforcer dans les prochaines années. 

 

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