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Juin 2016

  • Articles et presse

FINANCE : La comptabilité auxiliaire – un choix stratégique pour les institutionnels

Article rédigé par Philippe Recouvreur – Manager – Périclès Consulting

La situation du marché

Les dernières évolutions réglementaires ont directement impacté les back-offices titres des compagnies d’assurances et des mutuelles. Cette activité, majoritairement réalisée par les institutionnels, fait face à des contraintes en forte progression.

La plus importante d’entre elles aujourd’hui est l’obsolescence de leur Système d’Information qui ne répond plus aux besoins réglementaires et qui n’est souvent pas compatible avec un process de Fast Close (anticipation d’arrêté des comptes).

La multiplication des normes comptables (French GAAP, Local GAAP, IFRS, fiscale…), les fusions entre acteurs impliquent des surcroîts d’activité et complexifient également la fonction (gestion du spécifique de chaque entité).

Fort de ce constat, beaucoup d’institutionnels s’interrogent sur la stratégie à adopter vis-à-vis de leur back-office Titres.

Les choix stratégiques

L’immobilisme n’est pas une option raisonnable. Les acteurs sont obligés de faire un choix entre le renouvellement de leur système comptable et la délégation de la prestation de back-office.
La solution la plus naturelle encore aujourd’hui consiste à investir dans un nouveau Système d’Information qui couvre l’ensemble des besoins actuels (tenue de position, rapprochement, valorisation, comptabilité auxiliaire et sociale, reporting comptable, réglementaire et fiscal, simulation d’opérations, etc.). Des acteurs comme Allianz, Swiss Life ou encore Axa ont fait récemment ce choix.
De nouveaux éditeurs ont pénétré le marché français, offrant ainsi une plus grande diversité de solutions (Simcorp, Jump, Sofia, etc) pour concurrencer les acteurs historiques (Neoxam, Linedata Services, SAP, etc.).
L’investissement dans une nouvelle plateforme améliore le périmètre applicatif, permet de développer des services et des process sur mesure et maintient un certain degré d’autonomie.
Les contreparties de cette décision sont à la fois les coûts de mise en œuvre et de “run” en général élevés (licence, administration de l’application, etc.) et la dépendance vis-à-vis de l’éditeur en matière d’évolution produit et de délai.

La constitution d’un GIE regroupant plusieurs acteurs institutionnels sur l’activité de comptabilité auxiliaire Titres est également une solution envisageable. Elle permet d’atteindre une taille critique pour continuer d’investir en interne sur l’activité et génère des économies d’échelle en matière de data management, de licences, de projet, d’ETP, etc. La création de la SGAM Covea regroupant les fonctions support de MAAF, MMA et GMF est un exemple réussi de mise en commun de moyens comme leur back-office titres.

A l’inverse, le choix des partenaires, la répartition des rôles, le passage d’une responsabilité hiérarchique vis-à-vis des directions à une responsabilité de fournisseur, la complexité de la contractualisation et le volet RH sont des freins importants à la mise en œuvre.

La délégation de la prestation de la Comptabilité Auxiliaire Titres à un autre « Institutionnel » est une autre possibilité offerte par le marché. Un acteur comme SOGECAP par exemple, réalise une prestation de back-office Titres pour des institutionnels qui ne font pas forcément partie du Groupe Société Générale.

Le choix de cette solution doit préalablement faire l’objet d’une étude approfondie pour éviter tout conflit d’intérêts entre les deux institutionnels.

L’externalisation du back-office titres auprès d’un prestataire de services est une tendance croissante et constitue une alternative pour les acteurs institutionnels au renouvellement de système d’information. La Comptabilité Auxiliaire Titres constitue, pour les acteurs positionnés sur ce marché, une véritable opportunité et un relais de croissance à la prestation de comptabilité OPC arrivée à maturité.

Les coûts de la prestation sont très concurrentiels pour les institutionnels et variables en fonction de critères tels que les encours, et les prestataires proposent en complément une multitude de services et de prestations annexes à valeur ajoutée.
Les coûts du set-up opérationnel (gestion du changement notamment) et de personnalisation de la prestation d’une part et la dépendance vis-à-vis du prestataire sont des facteurs à prendre en compte dans ce choix.

Les propositions des Asset Servicers

Les deux acteurs majeurs historiques sur ce marché disposent d’un choix complet et opérationnel de prestations, des plus standards (data management, tenue de position, valorisation, veille réglementaire), aux plus complexes (fiscalité, reporting règlementaire S2, transparisation, calcul des SCR…). Ils placent la comptabilité auxiliaire titres quelle qu’en soit la norme (French GAAP, IFRS…) ou la finalité (comptabilité sociale ou fiscale), au centre d’un ensemble de prestations qui permettent à l’institutionnel de se concentrer sur son cœur de métier et de bénéficier d’outils de pilotage performants de cette activité (SLA, KPI, dashboard…).
Tous deux disposent également d’une forte expérience client et ont récemment massivement investi dans le renouvellement de leur plateforme comptable pour proposer les meilleures pratiques au marché : Simcorp Dimension pour BP2S et GP3 de Neoxam pour Caceis.
Malgré l’avance prise par ces deux acteurs, de nouveaux arrivants tentent de pénétrer ce marché. C’est le cas de Sequantis, Statestreet Bank et CM-CIC-AM.

Tous les prestataires font aujourd’hui le pari que les Institutionnels vont massivement externaliser leur comptabilité auxiliaire Titres, à l’instar des sociétés de gestion pour la comptabilité des OPC.

Les derniers choix des institutionnels

Pourtant, aucune véritable tendance ne se dégage actuellement en matière de stratégie.
Cela est illustré par ces exemples récents :

  • Cardif : Externalisation chez BP2S
  • AG2R : Réinternalisation de l’activité
  • CNP : Changement de SI avec Dimension de Simcorp
  • Swisslife : Changement de SI avec Dimension de Simcorp
  • MACSF : Externalisation chez Caceis
  • AEP : Changement de SI avec Jump

Notre position

Quelle sera la tendance de demain ?
Pour les OPC, la comptabilité est standardisée et issue du processus de calcul de la valeur liquidative. En assurance la comptabilité pilote le résultat, les besoins en fonds propres de l’assureur et revêt en conséquence un caractère stratégique beaucoup plus fort.
Par ailleurs, si chaque catégorie d’institutionnels (assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance, caisses de retraite…) est soumise à une réglementation commune, chacun dispose de plans et de normes comptables qui lui sont propres (code des Assurances, de la Mutualité, Code de la Sécurité Sociale…). Tout en restant dans le cadre imposé par le régulateur, les méthodes de provisions et d’amortissements des titres sont multiples.
En conséquence, le mouvement d’externalisation sur le modèle tracé par les OPC ne sera pas aussi massif, au moins dans un premier temps, du fait du caractère stratégique de l’activité et des spécificités des modèles comptables. Chaque institution déterminera sa solution au cas par cas, au regard notamment de sa stratégie de croissance externe.

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